Extraits du chapitre Afrique quand tu nous tiens !
En 1980, Marie-Claude et moi allons en vacances au Sénégal. Nous commençons notre séjour par une croisière sur le Siné Saloum, à bord d’un bateau, le Bou el Mogdad, qui accueille une trentaine de passagers. Par ce moyen, nous pouvons nous enfoncer dans l’arrière-pays et visiter des sites non touristiques. Nous nous rendons dans des écoles, les enfants nous sourient, ils sont contents de nous voir… nous sommes, semble t-il, leur seule « attraction ». Quand je sors mon Polaroïd, tous me regardent d’un air interrogateur. Je fais plusieurs photos ; ils n’en reviennent pas de se voir aussitôt sur ce bout de papier ! Le temps de la distribution des photos prises, je me transforme en un magicien. À Foundoum, nous nous arrêtons à l’école et nous parlons avec un enfant. Il nous demande d’où l’on vient. Quand je lui réponds : « De Metz ! », une lueur illumine son visage et il demande : « Tu connais Jules ? » Jules Bocandé… « Bien sûr ! » Ce Sénégalais a marqué un bon nombre de buts en faveur des Messins. Incroyable, la renommée du FC Metz est internationale ! En les quittant, je leur promets d’envoyer des ballons de foot et des photos dédicacées dès que je regagnerai la Lorraine. Promesse tenue avec envoi des maillots grâce à l’aide bienveillante de M. Molinari. Nous repartons à bord du bateau et nous nous dirigeons vers Kaolak, un endroit peu fréquenté par les touristes qui restent sur la Côte, nous découvrons, tout au long de notre trajet, des marais et des réserves d’oiseaux, le spectacle est magnifique. Ensuite, nous passons une semaine à Dakar, nous y voyons le déroulement de la vie quotidienne des Africains, nous assistons au retour des pêcheurs, nous voyons Gorée, lieu de départ des bateaux d’esclaves au moment de la traite des Noirs, le lac Rose… nous allons au marché, les marchés africains sont colorés, odorants et bruyants ! La visite de Gorée est très émouvante. Le guide est sénégalais mais c’est un ancien militaire français qui a débarqué le 15 août 1944 en Provence. Il nous montre fièrement ses souvenirs. Coïncidence, il a débarqué à la Nartelle où mes beaux-parents ont une maison.
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Dans le village, nous discutons avec le fils du chef qui parle bien le français. Il nous explique qu’il ne va plus à l’école, il ne peut pas faire vingt kilomètres matin et soir et son père n’est pas assez riche pour lui payer la pension. Il nous supplie de le ramener en France avec nous. « Ramène-moi, ramène-moi ! ». Puis il nous demande d’où l’on vient. « De France, de Paris. » répond Marie-Claude pour simplifier. Le gamin comprend bien, mais nous interroge encore : « Pourquoi, venez-vous ici, alors que vous avez tout là-bas ? » Triste question : pourquoi ceux, qui ne manquent de rien, se rendent dans les Pays, voir ceux qui manquent de tout ? Quand on lui dit que l’on vient voir notre fils qui vit ici, il ne trouve pas ça bien du tout, il n’y a pas de travail pour eux alors si les Français viennent prendre le peu qu’ils ont… on termine l’explication en disant : « Jean-François n’est pas payé et sa mission est d’aider les Maliens. »